Activité et vie de la Commune de Levet
La loi du 6 décembre 2012 a institué le 19 mars « Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. » correspondant à la date du cessez-le-feu au lendemain des accords d’Evian
La proposition de loi initiale avait été adoptée par l’Assemblée nationale le 22 janvier 2002 sous le Gouvernement de Lionel Jospin. Après les élections présidentielles et la victoire de Jacques Chirac, le texte n’a jamais été inscrit à l’ordre du jour du Sénat. La gauche avait promis de faire aboutir ce texte si elle revenait au Gouvernement.
Entre temps, par décret du 26 septembre 2003, la date du 5 décembre a été fixée comme journée nationale d’hommage aux « morts pour la France » pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie. Son choix résulta de la décision d’une commission présidée par l’historien Jean Favier et regroupant les associations du monde combattant, prise à la majorité de ses membres. Il s’agissait de la date de commémoration par le Président Jacques Chirac de l’inauguration du monument national érigé quai Branly, à Paris, à la mémoire des soldats morts en AFN de 1952 à 1962.
Satisfaisant une revendication de plus d’un demi-siècle de la FNACA (Fédération Nationale des Anciens Combattants d’Afrique du Nord), le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault fit adopter la loi de commémoration du 19 mars, en s’appuyant sur le caractère historique de la date, tout en reconnaissant qu’elle ne marque pas la fin de la guerre d’Algérie. Si l’exposé des motifs de la proposition de loi parle « d’adhésion massive, tous courants politiques confondus » pour le choix du 19 mars, la réalité est toute autre. D’abord sur le plan politique où la gauche est pour et la droite est contre cette date. Mais aussi dans le monde associatif des anciens combattants où elle est loin de faire l’unanimité. Ainsi, certaines associations d’anciens combattants se refusent à reconnaître cette date, telle la FNCV (Fédération Nationale des Combattants Volontaires) qui ne voit dans le 19 mars qu’ « une date à rayer de notre mémoire collective tant il est vrai qu’elle évoque les terribles drames de conscience de ceux qui avaient mis tout leur cœur dans l’exécution de la mission qui leur avait été confiée : assurer, dans toute l’Algérie, la sécurité des populations et emporter leur adhésion. ». L’UNC (Union Nationale des Combattants), quant à elle, appelle à boycotter les cérémonies de commémoration. Les sénateurs UMP ont rappelés que, « si les accords d’Evian officialisent le cessez-le-feu en Algérie, le 19 mars ne fut malheureusement pas synonyme de paix en Algérie. Après cette date, on dénombre : 145 tués, 162 disparus, et 422 blessés dans les rangs de l’armée française ; de 60 000 à 150 000 tués chez les Harkis. »
Si le choix du 5 décembre qui était totalement délié de tout événement sur le terrain, visait à essayer d’apaiser les différends, la loi du 6 décembre 2012, instituant le 19 mars comme date de commémoration, semble avoir ravivé le débat, alors que le Président de la République souhaite sur ce sujet « une lecture objective de l'histoire, loin des guerres de mémoire et des enjeux conjoncturels. » Quoiqu'il en soit, les deux dates cohabitent désormais pour une même commémoration : celle des victimes de la guerre d’Algérie. Mais, le plus important dans tout cela n'est-il pas le devoir de mémoire ?
La commémoration du 19 mars aura lieu à Levet à 11 heures 45 au Monument aux Morts où sera lu le message du ministre délégué aux anciens combattants dont le texte suit.
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Message de Kader ARIF
Ministre délégué en charge des anciens combattants
Le 6 décembre 2012 fut adoptée la loi relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.
C'est le 19 mars que fut adopté le cessez-le-feu de l'un des conflits les plus douloureux de l'histoire de notre pays.
Ce jour-là, certains se dirent « c'est fini », d'autres connurent le désarroi. Des jeunes Français évitèrent la mobilisation, d'autres commencèrent à entrevoir un retour dans leur famille.
Mais ce jour de soulagement pour beaucoup, de tristesse pour d'autres, ne signa pas la fin des drames et des horreurs. La France n'oublie pas les hommes, femmes, enfants, dont le destin fut bouleversé après cette date.
Aujourd'hui, la France rend hommage à toutes les victimes. A ces jeunes engagés ou appelés, projetés brutalement dans la guerre. Beaucoup y perdirent la vie. Les autres en revinrent marqués, dans leur chair et plus encore dans leur esprit.
La France rend également hommage aux victimes civiles. Nous disons la tristesse de la Nation qui en ce jour pleure ses morts. L'État est, et restera, aux côtés des victimes et de leur famille.
Plus de 50 ans après la fin de cette guerre, c'est désormais une mémoire apaisée qui doit être recherchée. Respect, solidarité, rassemblement, telle est la perspective dans laquelle doivent se placer les acteurs et témoins de cette période, et l'ensemble des Français avec eux.
La cérémonie qui nous réunit aujourd'hui s'inscrit dans cette perspective. Elle permet d'avancer dans le travail de mémoire. Elle encourage la transmission à l'égard des jeunes, qui seront demain les porteurs de notre mémoire réconciliée, entre Français d'abord, entre Français et Algériens également.
Pour que l'avenir soit celui de la réconciliation et de la paix, rendons hommage aux victimes. Nous ne les oublions pas.